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388 LE CHAMP DE BATAILLE

premiers embrassemens de sa pudique fiancée, repose l’époux dont de longues années d’amour fidèle avaient consacré l’hymen. Quand vous voyez une jeune fille cacher son pâle visage sous un voile de deuil, ou une femme verser soudain des larmes aussitôt qu’elle entend le son du tambour, tandis que, consumé d’une douleur plus mâle, un père étouffe un soupir dans son sein... épargnez-vous une vaine question pour en savoir la cause, et pensez à Waterloo.

XXI.

Jour de gloire et de regrets, que de héros tu vis périr ! que de noms consacrés par le souvenir de la Bretagne obtinrent ici leurs derniers titres à l’immortalité ! Tu vis expirer dans des flots de sang Pieton à l’âme de feu ; Ponsonby blessé, et De Lancy échanger les guirlandes de l’hymen contre les lauriers d’un beau trépas ; Miller jette son dernier regard sur les étendards d’Albion ; Cameron succombe comme un vrai descendant de Lochiel, et le généreux Gordon se sacrifie au salut de son chef. Ah ! quoique l’ange protecteur de la Bretagne couvrit de son bouclier le héros de notre île, la destinée lui fit éprouver ses rigueurs en le frappant dans ses amis.

XXII.

Pardonnez-moi, illustres morts, ces vers imparfaits : qui pourrait vous nommer tous ? quelle harpe sublime pourrait donner à chacun la gloire qu’il a si légitimement acquise, depuis ce capitaine déjà fameux, jusqu’au soldat encore ignoré ? Que les larmes arrosent vos tertres de gazon, que le sommeil des braves soit sacré jusqu’au moment où le temps finira ; que jamais un Anglais ne passe auprès de leur noble tombeau sans bénir les guerriers qui combattirent à Waterloo.

XXIII.

Adieu, champ de douleur, qui portes encore les traces des, ravages de ce jour terrible : ma mémoire se rappellera long-temps tes chaumières renversées et toutes les