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AILLE

ennemis à la distance de trois lances c’est alors que leur feu se réveille : chaque fusilier décharge son arme avec la régularité qu'on admire un jour de parade. Les casques et les lances tombent ; les aigles descendent de leurs bannières, les coursiers et les cavaliers chancellent et sont renversés, les cuirasses se brisent en éclats, et les bannières sont en lambeaux. Pour augmenter le désordre, la cavalerie anglaise prend l'ennemi en flanc, et force sa résistance. Aux décharges de mousqueterie succède alors le cliquetis des épées, le hennissement des chevaux; les glaives retentissent sur les cuirasses comme le marteau du forgeron sur l’enclume. Les canons, bien servis, achèvent la déroute; lanciers, cuirassiers, infanterie, cavalerie, confondent. leurs rangs, et se retirent sans chefs et sans étendards.

XIII.

Wellington, ton œil perçant reconnut que c’était l’heure critique pour décider du sort de nos armes. Les guerriers de la Bretagne avaient soutenu le choc des enfans de la France comme les rochers de leur île celui des flots ; mais quand ta voix eut dit, Avancez ! ils furent eux-mêmes les flots impétueux de leur Océan.

O toi, dont les funestes desseins ont exposé ton armée à cette heure de honte, penses-tu que tes braves fatigues pourront résister à ces vagues qui fondent sur eux ? Tu tournes les yeux du côté de ces nouveaux escadrons qui accourent dans le lointain : d’autres bannières se déploient, d’autres canons résonnent, ! — Cesse de croire que ce sont tes propres troupes qui arrivent triomphantes de la Dyle... Blucher t’est-il donc inconnu ? As-tu oublié les sons de haine et de vengeance que les trompettes de la Prusse te firent entendre si souvent aux jours de tes disgrâces ?

Que te reste-t-il à faire ? te mettras-tu toi-même à la tête du reste de tes guerriers pour tenter un dernier effort ? Tu aimais à distraire, tes loisirs par l’histoire de Rome, et tu n’ignores pas quels furent, les destins de ce chef qui,