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DE WATERLOO. 385

Rassure-toi, belle cité ; c’est vainement que sa main est étendue comme pour saisir sa proie ; c’est vainement que, peu accoutumé à la résistance, il s’irrite jusqu’à la fureur ; c’est vainement qu’il renouvelle le combat.

X.

Avancez, avancez, s’écrie-t-il d’un ton farouche ; bravez le feu des batteries, précipitez-vous sur ces bronzes ennemis ; avancez, ô vous, mes cuirassiers, mes hussards, ma garde, mes guerriers d’élite ; chargez pour la France, pour la France et Napoléon !

Ces braves lui répondent par leurs acclamations, et applaudissent à l’ordre qui les envoie affronter un destin que leur chef évite de partager.

Cependant celui qui est le bouclier et l’épée d’Albion, toujours à la tête des siens, présent partout où le danger l’appelle, prompt dans l’action et bref dans ses paroles, accourt comme un rayon de lumière, et s’écrie :

— Soldats, soutenez le choc ; l’Angleterre redira vos exploits.

XI.

L’orage crève, l’éclair de l’acier brille à travers les nuages de fumée. La mêlée devient plus terrible ; trois cents canons tonnent et vomissent une grêle de fer. Le cuirassier s’élance, le lancier se précipite ; l’aigle guide au carnage ces cohortes jusqu’alors invaincues ; leurs acclamations les précèdent, et font entendre le nom impérial au milieu du feu et des vapeurs sulfureuses.

XII.

Mais les Bretons reçoivent cette charge sans éprouver de terreur : leurs yeux ne perdent rien de leur fierté, aucun d’eux ne recule, tous voient de sang-froid les mourans et les morts.

Car à peine leurs rangs sont-ils ouverts par les foudres ennemies, que chaque ligne se serre de nouveau ; la place de ceux qui ne sont plus est occupée par d’autres, jusqu’à ce qu’ils aperçoivent les casques et les panaches

384 LE CHAMP DE BAT