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AILLE

L’œil du démon de la guerre observait tous les conviés à travers les nuages de fumée ; son oreille ravie distinguait tous les sons de ce tumulte confus, la voix tonnante de bronze, les aigres accens de la trompette, les acclamations des escadrons, leur charge bruyante, les gémissemens des blessés, et les derniers soupirs des mourans.

VIII.

Assouvis-toi, cruel ennemi des mortels, assouvis-toi ! mais ne pense pas qu’un combat si terrible puisse long temps durer. Les guerriers sont des hommes, et leurs efforts cessent avec leur vigueur épuisée ! Vain espoir ! Le soleil, caché par les nuages, entendit les premières clameurs du carnage, avant d’atteindre le milieu de sa carrière, et il allait s’éclipser derrière les ombres de la nuit, quand ces mêmes clameurs montèrent de nouveau jusqu’à lui ; pendant deux longues heures de nouvelles troupes entretiennent la bataille ; les colonnes ne cessent de se heurter ; l’orage des canons et des bombes continue ; la force et l’habileté guerrière s’aident réciproquement, et l’issue de cette sanglante journée est encore douteuse.

IX.

Bruxelles, quelles pensées étaient les tiennes pendant que tu entendais ce tonnerre lointain ! Chacun de tes citoyens, respirant à peine, écoutait ces sons avant-coureurs de la mort, du pillage et des flammes 1. Quel affreux spectacle attristait leurs regards lorsque des blessés victimes de ce long combat traversaient tes rues sur des chariots, d’où le sang ruisselait sur la poussière comme les gouttes d’une pluie !

Combien de fois le tambour semblait annoncer l’approche du cruel usurpateur, précédé du dieu des ruines qui agitait sa torche incendiaire et son glaive homicide ! —

(1) Des prisonniers de guerre ont affirmé que Bonaparte avait promis à sa troupe le pillage de Bruxelles pendant vingt-quatre heures. — W. S.

L’auteur se trompe ici en disant des prisonniers de guerre, il devait dire des transfuges. — En.