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XIV. LE CHATEAU DES SEPT BOUCLIERS. BALLADE.

Le druide Urien avait sept filles. Initiées dans les secrets de la magie, elles avaient le pouvoir de faire descendre la lune du ciel. La renommée parla tant de leurs appas, que sept princes puissans vinrent briguer l’honneur d’étre leurs époux.

Les rois Mador et Rhys vinrent de Powis et du pays de Galles ; leurs cheveux étaient en désordre, et leur aspect repoussant. Ewain le boiteux arriva deStrath-Clwyde, et Donald, à la barbe rousse, de la ville de Galloway.

Lot, roi de Lodon, était né le dos voûté ; Dunmail de Cumbrie n’avait jamais eu de dents. Mais Adolphe de Bambrough, prince du Northumberland, était aimable, brave, jeune et bien fait.

La jalousie divisa les sœurs, car chacune d’elles eût préféré le brave et beau prince Adolphe. La jalousie fit naître la haine. Elles allaient se déchirer entre elles, lorsque la terre s’ouvrit, et le roi des enfers parut.

Il promit aux filles du druide de les contenter toutes. Elles jurèrent à l’ennemi des hommes de lui obéir aveuglément. Il leur remit à chacune une quenouille et un fuseau.

— Ecoutez-moi, dit ensuite l’ange proscrit :

— Vous filerez avec ces fuseaux à l’heure de minuit, et sept tours s’élèveront soudain. C’est là que le prodige s’accomplira ; c’est là que triomphera le mal, et que vous habiterez avec celui que chacune de vous préfère.

Elles allèrent s’asseoir dans le vallon éclairé par la lune. Les chants qu’elles firent entendre ne peuvent se répéter. Elles se blessèrent le sein, et la laine noire qu’elles filaient fut imbibée de leur sang.

Pendant que les fuseaux tournaient légèrement dans leurs mains, le château s’élève comme un songe ; les sept tours sortent de la terre comme une vapeur ; sept ponts-levis es défendent, sept fossés les entourent.