Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/29

Cette page n’a pas encore été corrigée

poursuivre sa route, le page observe attentivement le regard de son maître, et s’arrête par intervalles pour tirer de sa harpe une mélodie capable de charmer ce cœur facile à s’irriter, pendant que sa romance ne révèle qu’à demi l’avis secret qu’il voudrait lui donner.

Malheur à la nacelle errante,

Jouet de l’onde et des autans,

Quand le démon des ouragans

Élève sa voix menaçante !

Mais, mille fois malheur aux matelots

Qu’un traître guide sur les flots L

Dans les sables de la Syrie,

Malheur au pèlerin pieux,

Qui, trouvant la source tarie,

Implore vainement les cieux ;

Malheur surtout si le Copte perfide

Dans le Désert lui sert de guide.

Malheur encore au chevalier

Qui dans le combat perd sa lance ;

Malheur à lui si son coursier

S’abat, et trahit sa vaillance.

Malheur surtout, oui, mille fois malheur,

S’il écoute un sexe trompeur.

X.

— Oses-tu donc, dit Harold, accuser la belle Metelill ? — Je dois l’avouer, elle est belle, reprit le page en laissant errer sa main sur les cordes de sa harpe ; elle est belle. Cependant, ajouta-t-il en changeant d’air et de rhythme :

Je dois l’avouer, elle est belle !

Mais, malgré l’éclat de ses yeux

Et l’ébène de ses cheveux,

Il en est de plus belles qu’elle ?

Ah ? si j’étais au rang des chevaliers !

(Ce titre un jour me sera dû, j’espère)

Gunnar aux pieds d’une amante étrangère

N’irait jamais déposer ses lauriers.

J’aime du Nord la terre antique,

Ses chênes des ans respectés,

26 HAROLD L’INDOMPTAB