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ME. 21

aller parcourir les contrées que consacre l’histoire, et arracher leurs monumens à l’oubli ; je ferais encore retentir tes voûtes des hymnes du prêtre et du bouclier sonore du paladin.

Vains regrets !... D’autres soins réclament mes loisirs dans un autre climat, Mais la harpe du Nord m’ordonne de célébrer avec elle l’histoire de tes premiers âges. Je voudrais que l’instrument harmonieux m’inspirât l’art de retracer le beau spectacle que tu offris à Harold lorsque, du sommet de Beaurepaire, il aperçut, au lever de l’aurore, les tours saxonnes d’Eadmer entourées des ondes du Wear.

II.

Les premiers feux du soleil trahissaient les détours de la rivière, qui semblait se cacher sous l’ombrage des arbres dont ses bords sont ornés. Les tourelles gothiques projetaient leurs ombres gigantesques, et la cloche de matines faisait entendre ses sons prolongés, que répétaient au loin les échos du donjon.

III.

Les vapeurs du matin s’élevaient de la terre, et le peuple joyeux des oiseaux se réveillant en répétant ses concerts. Les cors sonores appelaient à la chasse la meute endormie ; la brise semblait s’arrêter dans son vol aérien, pour dérober le parfum des fleurs et jouer avec leur tige légère. Ce tableau, que révèlent les premières clartés de l’aurore, cette douce mélodie des oiseaux, et le souffle parfumé du matin, charmèrent le cœur farouche d’Harold ; involontairement ému, il suspend son casque à un arbre voisin, qui sert aussi d’appui à sa massue et à son épée. Il s’asseoit sur le vert tapis du gazon, et adoucit l’expression sauvage de son regard : si quelqu’un avait eu à demander une faveur à ce fier Danois, il eût été sage de profiter de ce moment.

IV.

Gunnar se plaça auprès de son maître et remarquant

22 HAROLD L’INDOMPTABLE.