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CHANT TROISIÈME. 227

un si grand besoin ? Il voit une longue galerie de marbre blanc, où, par un bizarre contraste, de chaque côté de la muraille étaient quatre filles de l’Afrique qui conduisaient, chacune d’elles, un tigre de Libye par un fil aussi mince et aussi brillant qu’un cheveu d’or de ma Lucy. Le vête-ment africain de ces noires vierges laissait à découvert leurs genoux, leur gorge et leurs bras arrondis. Un turban blanc leur ceignait le front ; leurs bras et leurs jambes étaient ornés de bracelets d’or ; un carquois pendait sur leurs épaules, et leur main était armée d’une zagaie.

Elles demeuraient immobiles, et observaient un si pro-fond silence que Roland espéra d’abord que ses yeux n’apercevaient qu’un groupe de statues destinées à servir d’épouvantail ; mais dès qu’il essaya d’ouvrir le guichet, les tigres commencèrent à rouler leurs yeux farouches, à étendre leurs pattes, à flairer l’air et à lécher leur gueule, tandis que les Africaines chantèrent en langage moresque cet avis menaçant :

XXII.

— Téméraire aventurier, retourne sur tes pas ; redoute le charme de Dahomay, redoute la race- de Sahara, les filles d’un climat brûlant.

— Quand le vent de l’orage tourbillonne, nous commençons nos danses ; le§ sables de Zarah s’élèvent en colonnes mouvantes, et suivent la mesure de nos pas ; à notre signal la lune a revêtu son manteau, les étoiles sont teintes de sang, et la voix du lugubre Siroc fait entendre la musique que nous préférons.

— Là où des colonnes éparses indiquent le lieu où fut Carthage, si le santon voyageur vient à être témoin de nos rites mystérieux, il répète la prière de la mort, pré-dit la ruine des nations, annonce qu’Azraël a tiré son glaive du fourreau, et s’écrie Musulmans, pensez à la tombe.

— C’est à nous qu’appartiennent le scorpion, le serpent, l’hydre du marécage, le tigré du désert, et tous les