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CHANT TROISIÈME. 225

force peut écarter les obstacles. Guerrier, après avoir long-temps attendu, tu vois enfin, grâces à ta constance et à ta force, ce château des anciens jours. Ce ne fut point une main mortelle qui éleva ces murailles, mais bien des paroles magiques et un charme tout-puissant. Considère la façade, fais le tour de la forteresse ; mais ne porte pas plus loin ton audace. Franchir le portail, ce serait tenter le destin ; la force et le courage seraient en vain ligués ! Regarde, et retourne sur tes pas.

XVII.

— C’est ce que je pourrais faire, s’écria le chevalier, si ce corps était cassé par la vieillesse, si mon sang appauvri coulait lentement dans mes veines comme les glaçons que le dégel détache _du ruisseau ; mais tant que je le sentirai bondir dans mon cœur comme lezvin petillant de France, tant que .ce bras valeureux maniera la lance et l’épée, je rirai de cette inscription menaçante.

Il dit le guichet cède à l’effort de sa main vigoureuse, et les verrous souillés par la rouille s’écartent avec un aigre cri. Mais à peine son pied avait-il quitté le seuil pour s’avancer sous la voûte, qu’un invisible bras referme lés lourds battans de la porte, et les verrouset les barres de fer rentrent spontanément dans leurs rainures et"leurs anneaux, avec un fracas sinistre que prolonge l’écho des voûtes.

— Maintenant la trappe est fermée et la proie est prise ; mais, par la croix de Lanercost ! celui qui voudrait porter en triomphe la peau du loup pourra bien se repentir de son audace.

Ainsi parla le chevalier en descendant un escalier qu’éclairait une lumière douteuse.

XVIII.

Une porte-ouverte et sans gardes conduisait à la cour extérieure du château, au milieu de laquelle s’élevaient le donjon et des tours de toutes dimensions décorées de tous les ornemens gothiques inventés par- l’imagination

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