Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/23

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— Roi des forêts, tes merveilles ont étonné jadis cette roche aride ; mille tribus y ont chanté tes louanges, et sur cette pierre où les druides ont gravé des caractères mystérieux, le sang des victimes a coulé par torrens ! aujourd’hui, c’est une femme seule qui vient y répandre quelques gouttes du sien. Elle est la dernière et la plus faible de tes prêtresses ; écoute-la, Zernebock, et sois docile à sa voix.

— Silence ! il vient….. le vent glacé de la nuit gémit dans le ravin. La lune s’obscurcit, et s’entoure de nuages ; mes cheveux hérissés, le frisson qui me saisit, annoncent que le dieu approche.... ceux qui oseront le regarder seront frappés de mort... Arrête ! je tombe à genoux, et je me couvre d’un voile : O toi qui planes sur la tempête, toi qui ébranles la colline et brises le chêne, Zernebock, épargne-moi.

— Mais non, il ne vient pas encore ! ce retard, cette indifférence sont donc le prix de mon zèle. O toi... t’appellerai-je dieu ou démon ? que d’autres cherchent à te rendre propice par leurs humbles prières ; moi je t’appelle par des conjurations magiques. Je prononcerai ce mot terrible qui va effrayer ton maître dans les feux de l’enfer, et ébranler sa triple chaîne. Mais je t’entends, Zernebock, et je sens ta présence.

XVIII.

— Fille de la poussière ! dit la voix retentissante ; — le sol de la vallée trembla, et le rocher massif s’ébranla sur sa base ; — fille de la poussière, ce n’est pas à moi qu’est confiée la destinée d’Harold. Le ciel et l’enfer se disputent son âme et sa vie ; j’ignore si nous remporterons la victoire à sa dernière heure. Il se lève en ce moulant une étoile rougeâtre qui le menace de sa fatale influence : profite du temps qu’elle mettra à parcourir sa carrière pour employer tes noires trames. Allume la guerre entre Harold et l’Eglise, et livre sa vie à de périlleux hasards. Je te promets mon aide pour le perdre.