Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/228

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ment son orbe de feu sur la cime du Legbert, comme s’il eût été dirigé par une impulsion magique. On aurait pu croire qu’un farouche démon s’avançait sur ce char enflammé pour accomplir un funeste message. Une funèbre clarté se répandit sur la vallée, les touffes des arbres, la montagne, le torrent, les fragmens suspendus du rocher et la bruyante cascade. La perspective du tableau était étendue, mais altérée ; une teinte de sang paraissait nuancer le noir rocher, l’onde argentée du ruisseau, et même l’aimable verdure du bocage.

ix.

De Vaux avait vu les derniers rayons du soleil couehan se poser la veille sur le sommet de l’éminence enchantée. Il n’avait aperçu que des rochers épars dont les masses effroyables étaient suspendues sur les flots mugissans. Que voit-il à la lueur de ce météore ?… Un château couronné de bannières, un donjon, une tour, des arcs-boutans, des murs crénelés jettent leurs ombres sur l’onde rapide. Ce n’est pas une illusion ; De Vaux remarque les meurtrières et les parapets pendant que le météore s’arrête momentanément sur l’édifice ; mais le météore continue sa marche solennelle, et à mesure qu’il s’éloigne, ces sombres remparts disparaissent peu à peu.

x.

Roland s’élance de la grotte à travers les rochers et le torrent, les ronces et les buissons ; mais il était à peine à la moitié de sa course que cette lumière miraculeuse s’était éclipsée derrière les montagnes, et qu’une nuit profonde régnait sur le vallon.

Forcé de s’arrêter, il sonna du cor : des fanfares guerrières lui répondirent de la montagne, semblables à celles qui précèdent la ronde nocturne que font les gardes d’une citadelle. Le vaillant chevalier de Triermain répéta son défi ; mais plus de réponse : égaré, poursuivi par le vent et la pluie ; ce fut en vain qu’il chercha dans les ténèbres le sentier du vallon, jusçqu’au retour de l’aurore. Alors ce