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INTRODUCTION AU CHANT TROISIÈME. 217

plonger dans la vallée, et de perdre la perspective qui s’offre à nous,- tourne-toi, mon amie ; regarde encore une fois ce lac bleuâtre, dont le rivage semble nous fuir. Sur son cristal poli, les ombres ressemblent à ces objets aperçus dans un songe du matin, alors que mous sentons que nous sommes endormis, et que ce n’est qu’une vision qui nous abuse. Telles sont, sur le sein humide de ce lac, les images des montagnes boisées dont les roches se distinguent de l’azur des cieux s on.. y pourrait compter tous les nuages qui flottent dans les airs nous admirons ce tableau enchanté, et nous savons cependant qu’il n’est produit que par de vaines ombres. Tels étaient les rêves charmans d’Arthur quand il eut aperçu sa Lucy pour la première fois, et qu’il soupirait avec tristesse, désespérant de les voir jamais réalisés.

III.

Mais à présent, Lucy, contemple le joli vallon où nous dirigeons nos pas ; le sentier magique que nous suivons n’est distingué que par une nuance de verdure plus vive, et serpente autour de la fougère pourprée, au milieu des fleurs de mille couleurs qui la bordent.. Remarque comme ces petits filets d’onde argentée descendent en bondissant pour aller unir leur voix au murmure plaintif du ruisseau. On croit entendre gémir la naïade solitaire des montagnes, couronnée de son diadème fantastique, formé des feuilles du bouleau, du genévrier et du sureau.

Ce n’est plus ici une illusion ; -ces fleurs, ce ruisseau qui soupire, ces jolis berceaux nous appartiennent, ô ma. Lucy ! Depuis que ton Arthur peut t’appeler du nom d’épouse, telle est pour nous la perspective de la vie un délicieux sentier — qui serpente au milieu des ruisseaux mélodieux et des collines à la douce pente. Il est vrai que les mortels ne peuvent dire ce qui les attend dans la vallée où se dirigent leurs pas incertains ; mais que ce soit bonheur ou malheur, ah ! du moins, nous parcourrons le sentier en entrelaçant nos bras.

218 INTRODUCTION AU CHANT TROISIÈME.