Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/22

Cette page n’a pas encore été corrigée

ABLE.

XV.

Jutta répondit en fronçant le sourcil : — Je ne chercherai point à combattre ta folie ou ta rage. Mais, avant que le soleil de demain soit couché, tu verras, Wulfstane, si je sais me venger. Crois-moi, malgré ton arc et ton adresse que j’ai moi-même invoqués dans un premier moment de colère, ce n’est pas la destinée d’Harold de périr comme le cerf de la forêt. Mais Harold, toi-même, et cette lune qui pâlira avant de disparaître derrière la colline ; oui, la lune, Harold et toi-même, vous connaîtrez tout le pouvoir de mes enchantemens.

En répétant cette menace, elle se dirige du côté de la porte, et laisse Wulfstane apaiser ou nourrir seul son ressentiment.

XVI.

Jutta poursuit sa marche avec tant de rapidité qu’elle semble avoir oublié sa vieillesse. Elle rencontre un moine sur son passage ; il se retire à l’écart, et se signe d’une main tremblante. Elle traverse un hameau, les dogues cessent d’aboyer, et témoignent par leurs gémissemens l’horreur qu’inspire sa présence. Elle s’enfonce dans la forêt ; un bruit étrange annonce au loin son approche, c’est le renard qui glapit, et le courlis qui fait entendre son cri plaintif dans la fondrière ; le corbeau croasse sur la cime du chêne, dont le feuillage incliné ombrage le torrent écumeux ; et le chat-pard qui cherche sa proie, pris soudain la fuite. Jutta gravit la roche escarpée, et invoque une divinité du paganisme.

XVII. INVOCATION

— O toi qui, assis sur ton trône de rocher, vois l’Esthonien et le Finlandais, fidèles à ton culte, aiguiser leurs glaives vengeurs destinés à inonder tes autels du sang odieux des chrétiens, écoute-moi, divinité des montagnes, écoute-moi, puissant ZERNEBOCK.

CHANT SECOND. 19