Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/215

Cette page n’a pas encore été corrigée

ND. 20

ger, ni la crainte, ni la mort, ne pourront forcer Arthur à violer sa promesse. Je m’aperçois trop tard que ta mère t’a légué son cœur impitoyable... Je ne la blâme point ; elle avait des torts à venger : mais mes fautes doivent-elles être expiées par ces braves ? Fais donc de mon sceptre l’usage que tu voudras ; je te jure que, si un seul de mes chevaliers perd-la vie, Gyneth sera privée de la place qu’elle devrait occuper dans mon cœur, en qualité de fille d’Arthur.

Il dit, et détourne la tête, ne pouvant supporter l’orgueil avec lequel Gyneth tient le sceptre élevé dans sa main, comme l’arbitre de la vie et de la mort. Arthur n’osa pas regarder davantage ses braves chevaliers, qui s’avançaient en ordre dans la lice ; car le son de la trompette affligea son oreille comme le glas de la cloche des funérailles. Ce fut la première fois que le héros breton détôurna les’ yeux du spectacle des combats.

XXIII.

Mais Gyneth entendit ces bruyantes fanfares avec Ia. joie du faucon qui reconnaît le cri de la perdrix. Oh ! ne la blâmez pas ; le sang qui coulait dans, ses. veines avait pris sa source dans un cœur que la musique guerrière faisait bondir avec transport... Et d’ailleurs l’œil de la femme la plus timide aurait pu contempler un moment, sans émotion, le choc de ces braves chevaliers, tant leur adresse était grande pour porter les coups et les parer. Leur combat fut un spectacle innocent tant que les cottes de mailles et l’acier résistèrent ; l’arène était parsemée de plumes de toutes couleurs, que le vent faisait voler çà et là ; mais les corselets et les casques n’étaient point encore souillés de sang, comme si les panaches seuls devaient. souffrir de cette noble joute. A. mesure que Faction devient plus vive, lavoir sonore des clairons devient plus animée ; comme le chant aigu de l’alouette qui se mêle au : murmure des brises d’avriI, sous l’ombre mobile du bocage,

3.