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208 LES FIANÇAILLES DE TRIERMAIN.

cheval abattu : mais, Gyneth, quand la mêlée deviendra plus chaude, qu’ils se menaceront de la mort ou de blessures mortelles, ton père te supplie, ton roi te commande de baisser le sceptre que je remets en tes mains. Confie ta destinée à ton père ; ne doute pas qu’il ne te choisisse un époux digne de toi, et ne permets pas qu’on dise que l’orgueil de Gyneth a enlevé un fleuron de la couronne d’Arthur.

XXI.

La rougeur du dépit et de l’orgueil blessé colora le front de neige de Gyneth ; sa main abandonna le sceptre paternel.

— Réserve tes dons ainsi limités, ô mon roi ! pour une femme d’un rang moins élevé que le mien, dit-elle. Il n’est pas un baron saxon qui n’estime plus son héritière que le roi de la Bretagne n’estime Gyneth, quoique la fille du seigneur campagnard, basanée par le soleil, n’ait pour dot épie le manoir-de son père et un stérile rocher. Le roi Arthur a juré dans la vallée de Saint-Jean ; par sa couronne et son épée, comme chevalier et comme maître de la Bretagne, que ses preux combattraient un jour entier : ses preux, les plus braves guerriers de l’univers !

Révoque ton serment, et la pauvre Gyneth retournera dans sa vallée natale. La tache qui souille ton épée et ta couronne ne restera pas imprimée sur ta fille ; ne pense pas qu’elle consente jamais à cesser d’être vierge, si elle ne peut donner sa main au. plus brave des•chevalièrs ! La fille de Pendragon ne craindra ni le cliquetis des fers ni les éclats des Iances ; elle ne reculera pas de terreur à la vue du sang. La triste Guendolen lui a trop bien. fait con-naître l’infidélité des hommes, pour que sa fille les plaigne quand ils reçoivent la récompense qu’ils méritent !

XXII.

Le vaillant monarque regarda sa fille avec un air de courroux, puis il soupira en disant : — J’accorde... ce que je,ne puis refuser ; car ni le dan-

CHANT SECO