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fidèle.

CHANT SECOND. 207

Vainement l’envie disait tout bas que, s’il n’eût été retenu par la honte, sir Carodac eût sacrifié volontiers sa femme et la coupe pour entrer dans la lice ; puisque seul, dans cette cour brillante, il se montra fidèle au culte sacré de l’hymen, médise de lui qui voudra, je me garderai bien d’en parler sans respect.

XIX.

Les coursiers bondissent ; on voit flotter les panonceaux et les plumes ondoyantes ; les chevaliers parcourent l’arène dans le brillant appareil des tournois.

Le roi Arthur contemple en eux avec regret la fleur de la chevalerie, le boulevard de la foi, le bouclier du royaume à l’heure du danger ; trop tard il réfléchit aux malheurs qui pourraient résulter de leur combat à outrance ; car il n’ignorait pas qu’ils ne consentiraient à se séparer qu’après que la mort aurait glacé plus d’un cœur bouillant de courage : il commença à maudire son vœu téméraire, prit Gyneth à part, lui remit son sceptre, mais lui donna ces avis sévères et prudens.

XX.

Tu vois, ma fille, que, lié par ma promesse, je fais sonner les clairons pour annoncer le tournoi ; reçois mon sceptre, comme reine et arbitre de ces joutes guerrières mais écoute-moi bien. Si la beauté est l’astre vers lequel tout chevalier se tourne sans cesse ; si au premier mot de sa bouche il tire l’épée, regardant ses louanges comme sa plus douce récompense, il faut que la douce, beauté n’exige jamais de la chevalerie des travaux inutiles et dangereux. Ses yeux doivent toujours être comme ces astres gémeaux qui calment la mer agitée ; et sa voix, par des paroles de paix, doit faire cesser l’orage des batailles. Je te parle ainsi, ma fille, de peur que ces chevaliers ne changent ce tournoi en véritable guerre. Laisse-les s’élancer des barrières au son des clairons, et se rendre coup pour coup ; ce ne sont point de jeunes novices qui sont mis hors de combat pour un heaume brisé ou un