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CHANT SECOND. 203

une liqueur dévorante : le coursier vole, plus rapide que le roseau lancé par la corde de l’arc ; ni le mors, ni les rênes ne peuvent arrêter sa vitesse jusqu’à ce qu’il soit parvenu sur le sommet de la colline : là son souffle et ses forces lui manquent, et il tombe, épuisé par sa course impétueuse, sans mouvement et sans vie.

Le monarque, respirant à peine et confondu de surprise, tourne la tête et cherche des yeux le fatal château.

Il n’aperçoit ni donjon ni tours ; mais là où leurs pierres noircies se dessinaient naguère sur l’azur du ciel, le fleuve solitaire roulait ses flots mugissans autour d’une éminence sur laquelle on distinguait des fragmens de rochers.

Rêvant à cette étrange aventure, le roi retourne à Carlisle, et cherche, par les soins de la puissance royale, à effacer la mémoire du passé.

XI.

Quinze années s’écoulèrent ; chacune d’elles ceignit le front d’Arthur de nouvelles couronnes. Douze victoires sanglantes, obtenues avec honneur, soumirent les Saxons. La Bretagne fut délivrée de Bython, ce terrible géant, immolé par le glaive du monarque. Le Picte Gillamore et le Romain Lucius rendirent hommage à sa valeur. La gloire de sa table ronde fut célébrée dans tout l’univers : tout chevalier amoureux de la renommée et des aventures se rendait à la cour de Bretagne ; ceux qui souffraient l’injuste violence d’un tyran farouche venaient chercher un refuge auprès du trône d’Arthur, et n’imploraient jamais en vain son assistance.

XII.

C’était à l’époque de la Pentecôte que le roi tenait cour plénière : de toute part étaient convoqués les princes et les pairs ; tous ceux qui rendaient hommage pour leur terre ; les braves qui demandaient à être armés chevaliers de la main d’Arthur, et les opprimés qui avaient besoin d’implorer ses secours.

On célébrait alors des jeux et des fêtes, mais surtout des