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202 LES FIANÇAILLES DE TRIERMAIN.

manteau, dont le précieux tissu vient de la Perse ; il est armé de pied en cap : son coursier de Libye bondit avec fierté sous son glorieux fardeau, et fait entendre un joyeux hennissement.

Le monarque soupire, partagé entre le remords et le regret de ses plaisirs, lorsque soudain à sa vue étonnée se montre la reine Guendolen.

IX.

Elle l’attendait au-delà du dernier rempart ; elle était vêtue comme une chasseresse des bois ; des sandales protégeaient la plante de ses pieds ; ses jambes étaient nues, et une plume d’aigle décorait ses cheveux ; son regard était ferme, sa démarche pleine de hardiesse, et sa main tenait une coupe d’or.

— Tu me quittes, dit-elle, et nous ne devons plus nous revoir ni dans la joie ni dans la douleur !... Je voudrais bien retarder cette heure fatale ; mais toi, daigneras-tu m’écouter ?... Non ; tes regards m’annoncent ta résolution. Attends du moins ; séparons-nous toujours amans et toujours amis.

Elle lui montre la coupe.

— Ce n’est point là, poursuit-elle, le suc grossier que produit la vigne de la terre ; savourons ce breuvage des Génies en nous disant adieu.

Elle dit, et vide la coupe à demi. Les couleurs fuient de ses joues si vermeilles ; ses yeux perdent leur vif éclat.

X.

Le monarque courtois se penche sur sa selle, prend la coupe et l’approche de ses lèvres ; une goutte s’échappe de ses bords, et, brûlante comme le feu liquide de l’enfer, elle tombe sur le cou du cheval, qui, gémissant avec un accent de douleur et d’effroi, bondit à la hauteur de vingt pieds.

Le laboureur montre encore l’empreinte que laissa le fer du coursier en s’abattant sur la pierre.

La main d’Arthur abandonne la coupe, qui répandit