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200 LES FIANCAILLES DE TRIERMAIN.

captiver les cœurs jusqu’à l’arrivée d’Arthur. Alors la fragile humanité eut part à ses émotions : fille d’une mortelle, elle oublia toutes les leçons de son père ; et, de princesse, devenue esclave soumise, elle s’aperçut trop tard, avec regret, que celui qui a tout n’a plus rien à espérer.

Guendolen voit la main de son amant presser souvent sa faible chaîne ; il lui faut resserrer chaque anneau qui s’efface peu à peu. Elle invoque l’art au secours de la nature, pour entourer sa robe d’une ceinture et pour boucler ses cheveux : tous les plaisirs obéissent à sa voix : les festins, les tournois et la danse. Elle se sert aussi de sa mémoire pour distraire Arthur par d’agréables récits : tour à tour plus sage qu’une mortelle, et faible comme son sexe ; tantôt accordant tout avec transport, et tantôt refusant avec une bouderie simulée, elle emploie tous les charmes pour retenir un cœur inconstant ; elle les emploie tous en vain.

V.

C’est ainsi que dans l’enceinte étroite d’un jardin borné par les remparts d’un château gothique, un artiste habile essaie de cacher les limites de sa propriété : il dispose ses allées en labyrinthe ; combine avec art les touffes d’arbres, et orne le terrain de bandes de fleurs, de taillis et de berceaux de verdure, pour séduire l’étranger et le forcer de s’arrêter avec plaisir dans d’agréables sentiers : vains artifices, vaines espérances ; tout est inutile ; nous parvenons enfin à la triste muraille, et, dégoûtés de fleurs et d’arbres façonnés par la main de l’homme, nous soupirons pour l’ombrage plus vaste des forêts.

VI.

Trois mois étaient passés lorsque Arthur, d’un ton d’embarras, parla de ses vassaux et de son trône, disant que son séjour avait été trop prolongé, et que les devoirs, qui sont la loi des monarques, devoirs inconnus aux autres hommes, le forçaient de s’arracher des bras de Guendolen.