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ses pages. En traversant à pas lents le portique, elle laissa tomber sur le monarque un regard expressif de ses noires prunelles ; ses joues se colorèrent d’un vif incarnat ; à peine si Arthur, épris et confus, put soutenir ce regard languissant. Un sage qui se fût trouvé à son côté pendant que son orgueil luttait encore contre l’amour, lui eût dit à l’oreille : — Prince, sois sur tes gardes ; arrache la proie du tigre furieux, attaque le lion aux abois, oppose-toi au. passage d’un cruel dragon, mais évite le piège séducteur de la beauté.

XX.

Ce combat fut bientôt terminé, lorsque la dame ; s’approcha de son hôte avec cet air gracieux dans lequel les femmes mêlent la courtoisie et la fierté avec tant d’adresse, qu’elles subjuguent et charment le cœur en même temps.

Elle fit d’abord un compliment poli à Arthur, puis elle le pria d’excuser la plaisanterie de ses suivantes frivoles ; qui, nées dans des grottes solitaires, ne savaient pas rendre au noble étranger les honneurs qui lui étaient dus ; elle lui demanda aussi de lui accorder la grâce d’accepter pour cette nuit l’hospitalité dans son château.

Le monarque accepta avec une modeste reconnaissance. Un banquet fut servi à un signe de la dame : des chants, des contes, d’aimables plaisanteries firent couler rapidement cette soirée.

XXI.

La dame était assise auprès du prince ; à son tour elle devint timide et confuse, et semblait écouter avec indifférence les propos légers qu’il lui répétait tout bas. Son air était modeste et ingénu, mais on y distinguait une ombre de contrainte, comme si elle était occupée du souci de cacher quelque pensée secrète ; elle s’arrêtait souvent au milieu d’une réponse, baissait ses yeux noirs, et étouffait le soupir langoureux qui soulevait les globes de son sein.