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196 LES FIANÇAILLES DE TRIERMAIN.

ensuite de le charger de chaînes mais c’étaient des guirlandes composées des plus belles fleurs du printemps. Pendant que les unes réunissent les efforts de leurs bras délicats pour entraîner le chevalier de plus en plus surpris, d’autres, plus hardies, le pressent d’avancer en le frappant avec des touffes de lis et de roses.

Quatre jeunes filles partaient la lance de Tintadgel, et deux d’entre elles semblaient pouvoir à peine soulever la longue lame de Caliburn. Une autre, affectant une démarche martiale ; voulut placer sur son front le casque du héros, et poussa un cri de plaisir et de surprise en le sentant descendre sur ses yeux. Cet essaim folâtre s’avançait ainsi gaiement, avec des acclamations et des chants de triomphe.

XVIII.

Le roi captif fut conduit à travers mainte galerie et maint appartement. Enfin le cortège s’arrêta sous un beau portique. La plus âgée de la troupe (elle n’avait que dix-huit printemps) leva la main d’un air solennel, et commanda un silence respectueux pour recevoir la reine. Toutes ses compagnes se turent. Mais en jetant un regard furtif sur Arthur, leur rire étouffé se trahit dans les fossettes de leurs joues et dans leurs yeux animés par la gaieté.

XIX.

Les attributs de ces temps héroïques ne vivent plus que dans les chants du ménestrel. La nature épuisée aujourd’hui était alors prodigue du bien et du mal. La force était gigantesque, la valeur enfantait des prodiges, la science pénétrait au-delà des cieux, et la beauté avait des charmes si incomparables, qu’elle n’est même plus égalée par les rêves des amans. Mais même dans ces siècles romantiques, jamais les mortels n’avaient vu des attraits aussi, séduisans que ceux qui frappèrent les yeux éblouis d’Arthur, quand parut dans ce séjour enchanté la reine du château, au milieu du cortège de ses suivantes et de

CHANT PREMIER