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CHANT PREMIER. 195

hideux, ou peut-être de quelque géant païen, tyran de la vallée.

XV.

Deux fois les lèvres du monarque effleurèrent l’ivoire de son cor, et deux fois sa main le retira. N’allez pas vous imaginer qu’Arthur manquât de courage. Son bouclier portait le symbole de la sainte croix ; si une armée de païens s’était opposée à lui, il l’eût chargée avec audace ; cependant le silence de ce lieu antique pesa sur son cœur, et il s’arrêta un moment avant. Mais à peine le cor sonore avait retenti, que la porte s’ouvrit ; la herse se leva avec fracas jusqu’à la rainure de pierre, les poutres du pont-levis tremblant s’abaissèrent ; rien ne s’opposa plus à la marche du roi chevalier, qui s’avança sous les voûtes obscures, armé de l’invincible Caliburn.

XVI.

L’éclat soudain de cent torches brillantes dissipa les sombres ténèbres qui obscurcissaient les murailles, et découvrit aux yeux étonnés du roi les habitans de ce château. Ce n’était ni un magicien farouche, ni un lutin hideux, ni un géant informe, ni un chevalier païen. Mais les lampes, qui exhalaient une vapeur odorante, éclairaient de leur douce lumière une troupe de jeunes beautés. Elles accoururent comme les vagues légères qui bondissent sur le rivage ; cent voix répétèrent un tendre salut, cent jolies mains assaillirent la cotte de mailles du roi, et en délièrent à l’envi les boucles et les agrafes d’acier. Une de ces demoiselles le revêtit d’un magnifique manteau, une autre versa des parfums sur sa chevelure, une troisième le couronna d’une guirlande de myrte. Jamais une fiancée, au jour de ses noces, ne fut parée avec tant de soin et de gaieté.

XVII.

Toutes ces jeunes filles riaient. En vain le roi multipliait ses questions, elles le laissaient prier et supplier ; leur réponse était un nouvel éclat de rire. Elles feignaient