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191 LES FIANÇAILLES DE TRIERMAIN.

influence de ses rayons, le roi arrêta son coursier ébloui par cette lumière soudaine, il protégea sa vue en élevant son gantelet à son front, et contempla à loisir l’aimable vallon, pendant que son armure étincelait comme la flamme d’un signal.

XIII.

Défendue par un rempart de montagnes, la vallée offrait une enceinte paisible ; la verdure en était arrosée par un ruisseau limpide ; au milieu s’élevait un fort couronné de tourelles aériennes, et entouré d’arcs-boutans et de bastions : sa tour et son vaste donjon se distinguaient de loin : on eût dit qu’un antique géant avait jadis construit les murailles massives de ce château pour y braver l’ambitieux Nembrod.

Au-dessus du fossé était suspendu un énorme pont levis, comme si un ennemi inspirait des craintes ; un guichet de bois de chêne dur comme l’airain, des barreaux de fer et des herses fourchues présentaient aux assailIans une barrière insurmontable ; mais aucune bannière ne flottait sur les créneaux ; aucune sentinelle ne se tenait sur le haut de la tour pour sonner du cor ; on ne voyait point de gardes au-delà du pont, et il n’y avait ni haches d’armes ni carquois sous l’arceau du portail gothique.

XIV.

Arthur fit trois fois le tour des sombres remparts du château sans apercevoir une seule créature vivante, sans entendre d’autre son que la voix du hibou mêlant ses lugubres concerts aux mugissemens des flots qui baignaient les fossés de cette forteresse.

Il descendit de son coursier, qu’il laissa brouter librement le gazon de la prairie, et se mit à gravir lentement l’étroit sentier qui conduisait au portail : Quand il fut parvenu sous l’arceau extérieur, il se prépara à sonner hardiment du cor, espérant interrompre le long sommeil du gardien de ce noir donjon, qu’il pensait devoir être la demeure d’un farouche magicien, d’un lutin