Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/199

Cette page n’a pas encore été corrigée

CHANT PREMIER. 193

monarque valeureux fait le tour de cette fameuse montagne ; 1à, des rochers s’élèvent sur des rochers ; des torrens qui s’échappent de leurs crevasses vont joindre la rivière mugissante, tantôt luttant contre des obstacles, tantôt se plongeant loin de tous les yeux dans les profondeurs de cette obscure vallée.

Arthur pensa bien que ce désert sauvage et ces ruines romantiques étaient un théâtre destiné par la nature elle-même à quelque grand exploit.

XI.

Ce prince plein d’audace aimait mieux courir les aventures dans les bois et les montagnes, revêtu de sa cotte de mailles, que de rester oisif sous le dais de son trône, avec un vêtement somptueux d’hermine et de drap d’or.

Le bruit de la lance d’un ennemi brisée sur sa cuirasse flattait plus agréablement son oreille que la douce flâtterie d’un courtisan. Il préférait les coups retentissans de Caliburn contre le casque d’un guerrier, à tous les chants par lesquels les ménestrels de Reged célébraient la gloire de leur souverain. Il aimait, mieux se reposer sous l’ombrage des bois ou sur les rives d’un fleuve que dans l’appartement de sa royale épouse, la reine Genièvre ; il laissait cette princesse si aimable, pour chercher les combats et les périls, s’inquiétant peu qu’en son absence elle accordât son sourire au brave Lancelot.

XII.

Bientôt les ombres plus épaisses s’étendirent sur la terre. Quoique la cime de la montagne fût encore inondée de flots de pourpre et d’or, sa base, abandonnée par la lumière du jour, n’offrait que de noirs rochers et les vagues mugissantes du torrent. Arthur poursuivit péniblement sa route par le bois désert de Threlkeld, jusqu’à ce qu’il aperçut dans une direction oblique l’étroite vallée de Saint-Jean, d’où le soleil couchant semblait ne s’éloigner qu’à regret : Ravi de sentir de nouveau la douce

1. 12