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ND. 15

voix sous cet ombrage, ma mère Jutta connaît les secrets magiques qui fléchissent les mauvais génies, permets que ses charmes tout-puissans te demandent ma grâce ; cesse de m’arrêter, je t’en supplie.

Le chevalier sourit sous son casque ; puis, relevant sa visière, il fit voir son visage à la jeune fille, et s’efforça de donner à son regard toute la douceur qu’il pouvait exprimer : tel est le calme des nuits d’automne quand la voix de l’orage s’est tue ; mais les pécheurs prudens qui contemplent encore les nuages et l’horizon obscurci, conduisent leurs barques dans la baie voisine.

IX.

— Jeune fille, dit le guerrier, sois discrète, et daigne m’écouter : j’ai longtemps erré dans des contrées lointaines, et je viens enfin chercher un asile dans ma terre natale ; mais je cherche aussi une compagne ; je veux qu’elle soit douce, tendre et simple. Les filles des grands n’ont aucun attrait pour moi. Je suis d’un caractère un peu sauvage, je sens dans mes veines le feu du sang royal, et je ne crois pas qu’il me convienne de m’unir à une de mes égales. Puisque les vierges timides disent que mes traits sont farouches, et mon aspect sans grâce, pour avoir une belle postérité, que la fiancée de mon choix ait la beauté en partage... Tu me plais, c’est la première fois que je puis arrêter mes yeux sur un front où se peint la terreur ; ce sein qui palpite, cette larme qui mouille ta paupière ajoutent encore à tes appas... Accorde-moi un baiser... Allons, jeune fille, pourquoi trembler ?... Maintenant, va trouver tes parents dans leur chaumière, et dis-leur qu’un fiancé ira bientôt te parler de son amour et leur demander ta main.

X.

La jeune fille courut bien vite au toit paternel, comme un lièvre timide qui s’échappe des griffes d’un lévrier ; mais elle n’osa pas confier ce secret et son aventure, craignant les reproches de son père, qui lui défendait souvent

16 HAROLD L’INDOMPTAB