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CHANT SIXIÈME. 175

XXXIII.

Pendant qu’un nuage de fumée l’entoure, Bertram tourne bride ; mais le coursier glisse, tombe, et entraîne son cavalier dans sa chute. La sangle de la selle se rompt, et trahit le farouche flibustier., qui essaie vainement de relever son coursier abattu. Cependant, revenus de la surprise qui les avait d’abord comme enchaînés, les soldats de Wycliffe fondent sur Bertram. Vingt fers de lances traversent son corps, et le fixent à la terre. Il ne cesse de lutter contre tant d’ennemis. Deux fois il se retrouve sur ses genoux ? mais, malgré sa vigueur et ses efforts presque surnaturels, il succombe enfin frappé de cent blessures mortelles, sans se plaindre, tel qu’un renard qu’une meute déchire. Son dernier soupir ressemble plutôt à un rire farouche qu’à un gémissement. On l’entoure encore comme un lion abattu que les chasseurs percent une seconde fois de leurs armes, comme si ce roi des forêts allait encore les attaquer. Quelques uns voulurent aussi l’accabler d’outrages et séparer sa tête de son corps ; mais Basil s’opposa à cette dernière vengeance, et couvrit le cadavre d’un manteau. — Quelque odieux qu’ait été Bertram pendant sa vie, dit-il, jamais mortel ne fut plus brave. Qu’un manteau de soldat lui serve de suaire.

XXXIV.

On ne voit plus le spectacle de la mort ; on n’entend plus sonner les clairons ; et cependant de nouvelles bannières sont aperçues dans le bois. Un nombreux escadron de cavalerie s’avance, précédé de trompettes et de tambours. Ces guerriers que soutiennent une troupe de fantassins, auraient suffi pour délivrer le jeune Redmond. Heureux d’avoir enfin dans ses mains les preuves que O’Neale est son fils, Morthain accourt pour presser dans ses bras paternels celui qui est pour lui la vivante image de son Edith. Mortham arrive, et apprend la surprenante histoire de ce jour de bonheur et de deuil. Ses yeux ne voient point le pavé du temple, sur lequel sont