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geance avait préparé pour les perdre ? Non !… Ce que la prudence me défendait d’oser ne peut arrêter la rage et le désespoir… Matilde feint de pleurer sur celui qu’elle a immolé ; je veux lui faire verser des larmes véritables. Je ne serai pas le seul à gémir des coups du sort… Qu’on fasse monter les traîtres sur l’échafaud ! s’écrie-t-il avec fureur. Mais le prevôt d’armes doute encore s’il a bien compris l’intention d’Oswald, et il hésite à obéir. — Malheureux ! lui crie le châtelain, qu’ils reçoivent la mort ; eux ou moi nous paraîtrons aujourd’hui devant le tribunal de Dieu.

XXXII.

Mais un bruit soudain annonce le galop précipité d’un coursier. On distingue bientôt qu’il n’est pas loin. Les satellites de Wycliffe s’arrêtent pour l’écouter. Le voilà dans la cour de l’église gothique. Le sol récemment soulevé et les pierres sépulcrales retentissent diversement du bruit de ses pas, qui troublent le silence des tombeaux.

Tous les yeux sont tournés vers le portique du temple. Un cavalier armé s’avance en toute hâte dans cette enceinte religieuse. Il est couvert d’un manteau noir ; son panache et son coursier sont de la même couleur ; les échos des voûtes se renvoient des sons inaccoutumés. Le cavalier ne jette qu’un regard autour de lui, et tire son pistolet de l’arçon de la selle. On lisait sur son visage une sombre assurance. Il presse de l’éperon les flancs de son cheval, et la foule s’écarte et recule, car chacun reconnaît Bertram de Risingham ! Le cheval bondit, et s’élance ; l’étincelle jaillit sous ses pas : il est au milieu de la nef…, dans le chœur…, et presque au même instant à côté de Wycliffe. Bertram lève son pistolet, et en lâche la détente… La flamme brille ; le plomb siffle, et traverse la tête du baron, qui expire sans pousser un soupir, et va rendre compte de ses crimes. Cette mort fut si prompte, qu’elle sembla l’effet d’un éclair ou d’un songe.