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14 HAROLD L’INDOMPTABLE.

Eh bien ! milord préfère le hameau

Et des bois le discret ombrage.

Dans les cités pour séduire les cœurs

La beauté cherche la parure ;

Eh bien ! milord aime les simples fleurs

Que je mêle à ma chevelure.

De Saint-Cuthbert le pieux pèlerin

Humblement baise son rosaire ;

Je puis prétendre à cet honneur divin,

Et je ne suis qu’une bergère.

Lorsque ma main forme un collier charmant

Des fruits de l’églantier sauvage,

Milord survient, le baise tendrement,

Mais je rougis de cet hommage.

Sermens d’amour furent toujours trompeurs,

Répète souvent ma nourrice ;

Ma mère aussi dit que jeunes seigneurs

Trompent la bergère novice.

Mais ces avis ne sont pas faits pour moi,

J’ai fait choix d’un amant fidèle ;

Jamais milord ne trahira sa foi,

Il m’aime d’amour éternelle.

VII.

Tout-à-coup elle s’arrêté et tressaille, en sentant un gantelet de fer posé sur son bras tremblant ; elle tourne la tête, et voit avec terreur un chevalier armé de pied en caps son casque et son écu sont usés, son justaucorps tombe en lambeaux ; il semble un de ces geans dont les crimes lassèrent jadis la patience du ciel. Sa voix, qu’il cherche à radoucir pour exprimer sa satisfaction, est encore terrible. — Jeune fille, dit-il, continue ta ballade ; n’aie point de peur... je t’écoute avec plaisir.

VIII.

Surprise à l’aspect de cet inconnu, tout ce que la jeune fille put faire, ce fut de tomber à genou, et de croiser les mains. — Pardonne, dit-elle en hésitant, pardonne les terreurs d’une pauvre bergère, si tu es un mortel ; mais si les histoires qu’on fait sont véritables, si tu es le guerrier de la forêt qui viens me punir d’oser faire entendre ma

CHANT SECO