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ministre du ciel distribuait à son troupeau le signe mystique de la grâce divine, s’élève aujourd’hui l’appareil du supplice, et le bourreau est armé de sa hache étincelante. Là où l’on avait entendu répéter les mots de foi et d’espérance, une sentence de mort va être prononcée. Trois fois le clairon résonne, trois fois l’écho de la nef redit l’arrêt que lit le héraut d’armes :

« Le chevalier de Rokeby et Redmond O’Neale ont violé les lois de la guerre ; ils sont condamnés à perdre la tête pour avoir trahi la cause des communes. »

Les trompettes résonnent de nouveau, et bientôt règne un morne silence ; la prière silencieuse s’élève au trône de l’Éternel, lorsque enfin des sanglots à demi étouffés expriment la douleur de la foule ; il s’y mêle des murmures de surprise et de regret ; on entend même quelques menaces contre le barbare Wycliffe.

xxviii.

Mais Oswald, entouré de sa garde, et puissant dans le crime, fait un geste d’autorité, et ordonne aux séditieux de se taire, sous peine de perdre la tête. Son regard cherche ensuite le chevalier de Rokeby, qui contemplait ce spectacle effrayant avec le calme et l’assurance d’un hôte qui vient s’asseoir à la table d’un baron de ses parens. On eût cru, en le voyant si paisible, que ces clairons qui donnaient le signal de son trépas l’invitaient à entrer dans un château hospitalier. Inébranlable dans sa fidélité, il était prêt à la sceller de son sang. Oswald, les yeux baissés et n’osant rencontrer ceux de Rokeby, s’approcha du vieillard en hésitant, et lui dit d’une voix tremblante :

— Tu sais à quoi tient ta vie ou ta mort.

Le chevalier sourit avec fierté.

— Je n’ai, répondit-il, d’autre fille que Matilde ; mais elle sera privée de la bénédiction de son père, si elle consent à devenir l’épouse du fils d’un traître.

Redmond prit alors la parole : — Si la vie d’un seul