Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/174

Cette page n’a pas encore été corrigée

168 ROKEBY

de retour. Le hasard fit qu’un de ses vassaux, qui connaissait Edmond, répondit à Wycliffe : Ce n’est point le fils de Denzil, mais un berger du hameau de Winston renommé dans tout le pays par ses ballades et ses escroqueries. — Quoi ! ce n’est pas le fils de Denzil ! ce n’est qu’un berger de Winston ! s’écria le châtelain. Et puis il ajouta tout bas : — Le conte de Denzil n’est sans doute qu’une imposture ; ou peut-être même aura-t-il envoyé cet Edmond à Mortham, pour lui tout révéler… Insensé que je suis !… Mais il est trop tard… mon étoile m’abandonne. Ah ! du moins, vrais ou faux, les aveux de Denzil ne se fondent que sur son témoignage… Qu’il meure… ! Il appelle le grand prevôt : — Que Denzil soit mis à la potence à l’heure même ; qu’il ne lui soit pas permis de prononcer un seul mot… Qu’on se hâte, que la corde soit sûre, et que sa tête sanglante, placée sur les créneaux, serve d’exemple aux maraudeurs. Que ma garde sorte de la forteresse, et marche à Eglistone. Et vous, Basil, dites à Wilfrid d’aller m’attendre sur le pont-levis.

XXIV.

— Hélas ! répondit le vieux serviteur en balançant sa tête blanchie ; hélas ! milord, mon jeune maître aura de la peine à vous suivre aujourd’hui. En vain lui prodigue-t-on tous les secours : un mal inconnu, une invisible douleur rendent inutiles tous les soins de l’art et du zèle.

— Je ne cède point à ces faibles raisons, reprit Wycliffe ; ces cœurs romanesques se désolent pour des infortunes imaginaires. J’aurai bientôt trouvé le remède de Wilfrid ; qu’il se prépare à me suivre à Eglistone… Je crois déjà entendre le tambour qui m’annonce que l’heure de Denzil est arrivée.

Il se tut avec un sourire amer, et reprit en lui-même la suite de ses funestes pensées :

— Voici le jour critique qui doit décider de ma fortune ! Les prières ne peuvent rien sur Matilde la crainte seule peut dompter son orgueil, et la faire consentir à devenir

CHANT SIXIÈM