Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/172

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Edmond, dit-il, je devine enfin a dans ton triste récit, quel était le malheur qui affligeait le cœur de mon ancien chef. D’autres, en t’écoutant, auraient versé des larmes ; mais moi… mes yeux n’en ont jamais su répandre. Mortham ne verra plus l’ami perfide qui s’est vendu à la lâcheté de Wycliffe. Ah ! si je l’ai trahi, ce fut moins par la soif de l’or que pour venger un dédain, supposé. Tu lui diras que Bertram maudit son erreur,… paroles que Bertram prononce aujourd’hui pour la première fois. Dis-lui aussi qu’il conjure le seigneur de Mortham de ne penser qu’aux jours de sa fidélité ; rappelle-lui les rochers déserts de Quariana, les sables arides et la rosée empoisonnée de Darien, et ce trait lancé par l’arc de Tlatzeca… Peut-être Mortham pourra encore honorer de quelques regrets le cercueil de son vieux compagnon. Mon âme vient d’être accablée d’un poids secret ; c’est un présage de ma mort prochaine… Un prêtre m’eût dit, Reviens à la vertu, et repens-toi, que je serais resté sourd comme ce dur rocher, insensible comme cette pierre immobile. J’envisage ma fin sans trembler : mon cœur peut se briser, mais plier… jamais.

XXI.

— Les habitans de nos vallées virent avec une prophétique terreur l’aurore de ma vie ; elle brilla dans le lieu qui me vit naître comme l’éclat du feu qui avertit les maraudeurs du danger qui les menace. Edmond, je comptais à peine ton âge, que je défiai tous les dans de la Tyne d’oser croiser le fer avec moi, et mon gant resta déposé sur l’autel de Hexham mais la vallée de Tynedale ne put trouver un champion assez hardi pour le relever.

Que l’Inde dise encore les exploits de mon âge mûr. J’embrasai, les airs comme le soleil brûlant de ces contrées ; comme lui, je fis fuir dans les cavernes et les forêts, devant mon regard, ses habitans effrayés. Les vierges de Panama pâliront encore quand elles entendront parler de