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CHANT SIXIÈME. 163

puissans firent valoir d’anciennes prétentions, et dépouillèrent le vieillard du château de ses pères et de tous ses domaines. Incapable, au milieu de ces désordres, de défendre la vie et les droits du jeune Redmond, il se décida, quoique à regret, à renvoyer l’enfant de sa fille dans le lieu de sa naissance. Il chargea son guide de porter de riches présens à Rokeby et à Mortham, ainsi que des lettres pour recommander le malheureux orphelin à leur bienveillante amitié. Mais ce guide fidèle ignorait la naissance de Redmond, et croyait que le dépôt qu’il allait remettre aux anciens hôtes de son maître leur était confié à l’un comme à l’autre… Je me dispenserai de dire comment il fut attaqué et blessé dans le bois de Thorsgill.

XVI.

— Ce récit me semble merveilleux, dit Wycliffe ; mais serait-il exact… que dois-je faire ? Dieu sait, qu’il m’en coûterait peu de restituer à Mortham et à son héritier les domaines de mon parent ; mais Mortham est atteint de folie… O’Neale, ennemi de la bonne cause, a tiré l’épée pour les tyrans, et suit la religion fanatique de Rome. Ecoute-moi donc. — Ils parlèrent long-temps tout bas, jusqu’à ce que Denzil, élevant la voix, dit à Wycliffe : — Non, non, jamais je ne découvrirai à qui que ce soit les preuves de ce que j’avance, et n’espérez pas les détruire en me faisant servir de pâture aux oiseaux de proie ; car j’ai des compagnons qui savent où j’ai coutume de déposer les bijoux comme ceux que vous voulez qu’on vous remette. Rendez-moi la liberté, et donnez-moi un garant pour ma vie ; les tablettes de O’Neale vous seront fidèlement apportées… Quant à Mortham, il ne nous sera pas difficile de composer quelque histoire pour lui faire traverser les mers. Alors vous jouirez en sûreté de son héritage, sans que ce vieillard en délire ou son fils vendu à Rome puissent le réclamer.

— J’applaudis à la ruse, dit Wycliffe, et je consens à