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CHANT SIXIÈME. 161

front, et prit un ton calme et dédaigneux. — Qu’ai-je de commun, dit-il, avec son épouse et son fils ? Il amena jadis dans son château une femme dont la famille et le nom étaient un mystère. Cette femme fut tuée par Mortham lui-même, dans un accès de jalousie ; la nourrice et l’enfant s’enfuirent effrayés ! Le ciel m’est témoin que si je savais où trouver ce fils, héritier de mon parent, je m’empresserais de l’envoyer dans les bras de son père ; et je céderais volontiers le château et les domaines de Mortham à son héritier légitime. — Vous savez que la crainte, ne peut tout-à-fait réprimer le ton railleur qui est si naturel à Denzil. — S’il en est ainsi, dit-il à Wycliffe, votre vassal s’estime heureux de vous donner cette satisfaction. Vos cachots sont en ce moment la demeure du juste et légitime héritier de votre cousin. Votre générosité n’a plus rien à désirer. Redmond O’Neale est le fils de Mortham.

XIII.

— Le farouche baron jette à Denzil un regard terrible, et fait un geste de fureur. — L’enfer est-il déchaîné contre moi ? s’écrie-t-il. Délires-tu, misérable, ou oses-tu m’en impose ? Tu ignores peut-être que tu trouveras dans le château de Barnard des tortures capables d’effrayer les plus hardis ?

Denzil, qui espérait que son secret pourrait au contraire lui sauver la vie, reprit avec fermeté : — Je ne dis que ce qui est vrai ; vos tortures ne feraient que m’arracher les preuves que j’offre de donner — volontairement… Une nuit que l’hiver avait couvert le vallon de Stanmore d’un voile de neige, cette même nuit que Redmond O’Neale vit le château de Rokeby pour la première fois, le hasard fit tomber entre mes mains une chaîne et un reliquaire d’or massif… Ne cherchez point à savoir comment je m’emparai de ces objets ; ils ne me furent ni prêtés, ni donnés, ni vendus. Des tablettes d’or étaient suspendues à la chaîne, avec des caractères irlandais. Je cachai ce butin, car je fus forcé de quitter le pays en toute hâte,

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