Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/162

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d’une troupe de bandits avec lesquels j’outrageai les lois de la nature et de la Divinité ! Voilà trois jours écoulés depuis que j’ai vu pour la dernière fois cette odieuse caverne… Docile aux conseils du mal, et cependant plus imprudent que criminel, je n’ai pas du moins trempé mes mains dans le sang… Malheureux ! j’entends encore retentir à mon oreille la gaieté bruyante de mes compagnons, et ces louanges qui me gonflaient d’une lâche vanité et m’endurcissaient le cœur, pendant que je m’exerçais devant eux dans mon rôle de traître… Pourquoi tout ce que je crois entendre encore n’est-il pas la chimérique vision du sommeil ou le délire de la fièvre ? Mais ma mémoire ne me retrace que trop fidèlement les horreurs du carnage et les cris de terreur de mes complices. D’un côté, les flammes sont leur seul asile ; et de l’autre, les guerriers vengeurs nous menacent de leurs glaives sanglans… Non, je ne puis oublier ma fuite désespérée,… le fer levé sur mois,… et la main protectrice de cet ange qui daigna me sauver la vie… Ah ! si du moins ma reconnaissance pouvait acquitter la dette de ce bienfait… Peut-être ce que je viens chercher ici serait-il de quelque secours à… Il s’interrompt à ces mots, et s’avance d’un autre côté.

vi.

Il part du foyer de la caverne, et fait cinq pas du côté du nord comme pour mesurer le terrain ; saisissant ensuite une bêche, il se met à creuser jusqu’à ce qu’il trouve une petite cassette en fer, objet de ses recherches. Mais, au même instant qu’il allait en ouvrir le ressort, il sent sur son épaule l’empreinte d’une large main ; il tressaille, regarde avec effroi, et pousse un cri en reconnaissant Bertram. — Ne crains rien, lui dit celui-ci. Mais qui aurait pu entendre cette terrible voix et cesser de frémir ? — Ne crains rien, répète Bertram !…Tu trembles comme la timide perdrix qui se voit sous la serre du vautour ! — Bertram prend la cassette des mains d’Edmond, l’ouvre,