main écarte les broussailles avec précaution ; mais la loutre entend le bruit de ses pas, plonge sous l’onde et disparaît. Il s’arrête enfin près du rocher des voleurs. Je crois le reconnaître à la clarté de la lune ; je lis sur ce front si pâle le ravage des passions, les traces du crime, et l’expression de la douleur et du remords : c’est Edmond qui promène autour de lui son timide regard ; c’est Edmond dont la main tremblante écarte les buissons qui cachent l’entrée de la caverne ; c’est Edmond qui descend dans cet antre obscur.
Il frappe contre un caillou avec l’acier d’une épée ; l’étincelle jaillit, et bientôt la lueur d’une lampe éclaire le souterrain. Il en parcourt tous les détours avec inquiétude. Il lui semble que, depuis qu’il a quitté cette sombre retraite, aucun mortel n’y a pénétré. Le butin de ses compagnons est encore à la même place. Il remarque contre les voûtes humides, ou dans les recoins de la caverne, les masques et les déguisemens, les armes brisées ou teintes de sang, et tous les objets qui servent aux brigands nocturnes pour exercer leur coupable métier. Les restes de la dernière orgie souillent encore la table ; ici est un flacon vide, là un siège renversé. Tout est encore comme au moment du départ, lorsque par de nombreuses libations Guy Denzil encouragea ses compagnons à le suivre : — Allons aux coffres-forts de Rokeby, s’écrièrent-ils avec un rire féroce ; et ils sortirent de leur noir repaire… pour n’y plus retourner. Tous ont trouvé la mort sous les voûtes du château ; une mort sanglante et une tombe de feu.
Edmond revoit son propre costume qu’il a quitté pour un perfide déguisement ; il frissonne en se rappelant les accords de sa harpe et son rôle de ménestrel.
Maudit soit cet art fatal, dit-il, qui m’inspira mes premières erreurs, et m’attira plus tard le lâche suffrage