Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/160

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monumens qu’élève la piété, ni ceux que l’homme consacre à la bienfaisance, ne sont à l’abri des ravages du temps ; ils partagent le sort de celui qui les construit. La destruction s’en empare, et la tombe réclame les mortels. Mais le ciel bienveillant a réservé un avenir plus certain à la foi et à la charité : l’espérance chrétienne prend un essor sublime ; elle plane sur les ravages du temps et sur les ruines.

II.

Une troisième nuit va succéder à celle qui fut témoin de l’incendie du château. Le hibou commence ses concerts lugubres sur les rochers de Brignal ; et sous l’ombrage touffu des pins de Scargil, le butor gémit au milieu des joncs et du glaïeul. Pendant que le corbeau dort sur le sommet d’une roche aride, la loutre quitte son asile, et vient, à la faveur des rayons de la lune, épier le poisson du ruisseau, ou traverser l’étang ; la truite rusée reconnaît le tyran vorace à son museau arrondi et à ses oreilles dressées.

Perché sur son aire, le vautour ferme enfin ses yeux, fatigués d’avoir suivi tout le jour le vol rapide du ramier.

Le granit de la montagne, dans les flancs de laquelle les bandits avaient trouvé un refuge, projetait sur la surface de la Greta une ombre douteuse et changeante, comme on voit l’espérance et la crainte se succéder tour à tour sur le fleuve incertain de la vie.

III.

Un homme seul se glisse dans le taillis et le long des roches ; il s’avance d’un pas furtif, semblable au renard qui, s’approchant pendant la nuit d’une métairie solitaire, s’arrête souvent, et tremble chaque fois que la brise agite le feuillage.

Cet homme passe contre le rocher revêtu de lierre ; le hibou l’aperçoit et se tait. Le voilà sous les rameaux antiques du chêne ; le corbeau se réveille en sursaut, et fuit en croassant. Il suit la pente de la rivière, et sa