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152 ROKEBY.

rante attire les yeux de tous les soldats, lorsque, tel qu’un habitant de l’enfer qui s’échappe de l’élément destiné à son supplice pour souiller et empoisonner l’air pur des cieux, le corps gigantesque de Bertram apparaît au milieu de l’incendie. Il brandit fièrement son glaive, et se précipite contre les lances qu’on lui oppose pour l’arrêter. Son manteau, roulé sur son bras gauche, lui sert de bouclier, et amortit les coups qu’on lui porte. Il brise comme des roseaux trois lances dirigées contre lui. En vain cherche-t-on à l’entourer : il rejette loin de lui, d’un bras robuste, les plus hardis de ceux qui le harcèlent, comme on voit un taureau furieux faire voler avec ses cornes les dogues acharnés contre lui. Bertram échappe aux vainqueurs, et se fraie malgré eux une route dans la forêt.

XVXVII.

Le tumulte était apaisé lorsque Redmond transporta Wilfrid, qui, passant pour mort, avait été abandonné dans le fatal château par ses soldats mais Redmond, s’apercevant qu’il n’était plus à ses côtés, retourna sur ses pas pour le chercher. Il fut déposé sous un chêne.

On ouvrit l’agrafe de son manteau ; et Matilde plaça sa tête sur ses genoux jusqu’à ce qu’il revint à la vie, grâce aux soins de l’amitié. Il regarda la fille de Rokeby en poussant un pénible soupir. — J’aurais voulu, dit-il, mourir ainsi ! — Il n’ajouta rien de plus ; car déjà tous les cavaliers avaient rejoint leurs chevaux : ceux de Redmond et de Matilde leur furent amenés. Wilfrid, placé sur le sien qu’un de ses gens conduisait par la bride, fut soutenu par deux soldats… On s’éloigna de la vallée de Rokeby, en suivant les rives de la Tees ; mais souvent Matilde tourna les yeux derrière elle pour voir encore de loin la maison de ses pères, qui n’était plus qu’un monceau de ruines fumantes.

Sous la voûte des cieux erraient des nuages comme