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CHANT CINQUIÈME. 15l

le bruit sourd qui précède un incendie vient augmenter les horreurs de la mêlée… Le château est la proie des flammes. On ignore si ce fut la main désespérée de Bertram qui se signala par ce dernier acte de sa rage. Matilde vit soudain des nuages de fumée s’échapper de toutes les issues. Cette tour, dont naguère l’architecture gothique se dessinait dans l’azur des cieux, s’élève maintenant enveloppée de noires vapeurs, semblable à ces spectres gigantesques voilés d’un crêpe funèbre. La flamme jaillit enfin en gerbes rougeâtres de chaque ouverture, et, répandant au loin des torrens de lumière, monte dans les airs comme un phare lugubre qui réveille les paisibles génies de la Greta. L’incendie parcourt les longs corridors et les voûtes du château, s’emparant de tout ce qui peut alimenter ses fureurs. Cette nouvelle alarme vient épouvanter les femmes de Matilde dans l’asile où elles s’étaient réfugiées pendant le combat ; elles courent çà et là dans la plaine, et remplissent l’air de leurs vaines clameurs.

XXXV.

Mais le carnage ne cessa dans le château que lorsque les soldats de Wilfrid reconnurent que les soliveaux du toit allaient être consumés… Attendent-ils donc que les décombres calcinés écrasent dans leur chute les vainqueurs et les morts ? Enfin le danger, plus imminent, les fait battre en retraite… Le pont-levis est abaissé, les guerriers s’échappent du château ; mais, à la lueur des flammes, le combat recommence sur la prairie. A mesure qu’un bandit arrive, il est égorgé ; aucun d’eux ne peut gagner le bois, où il aurait trouvé un asile : mais le ménestrel épouvanté, apercevant Matilde, s’élance vers elle, s’attache à sa robe, et doit la vie à ses cris et à sa prière généreuse, qui arrêta le bras déjà levé pour l’immoler. Denzil et lui furent gardés comme prisonniers tous les autres périrent,… excepté Bertram.

XXXVI.

Où est-il donc ce farouche Bertram ? la flamme dévo-