charge complète de mousqueterie ! Lés menaces et les cris de douleur se mêlent avec un bruit effrayant… : c’est la voix de ceux qui donnent la mort, et les derniers accens de ceux qui expirent. La fumée du salpêtre forme un épais nuage qu’éclaire par intervalles une flamme plus rougeàtre et plus épaisse ; on distingue à travers les vitraux comme des ombres qui frappent ou qui luttent entre elles.
Mais quel nouveau son est apporté à Matilde par le vent de la nuit ? Elle tourne la tête c’est la marche pressée d’un escadron. Elle vole au-devant du commandant, saisit les rênes de son coursier, et lui crie : — Hâtez-vous, je vous en conjure, ou vous arrivez trop tard ! courez au château…, et pénétrez-y sans plus attendre.
Tous les cavaliers mettent à l’instant pied à terre et laissent errer leurs chevaux en liberté dans le vallon ; mais, avant qu’ils fussent arrivés sur la scène du combat, il y avait déjà bien du sang répandu. A peine Bertram s’était aperçu que Matilde avait pris la fuite, qu’il avait donné le signal de l’action. Les vieux soldats de Rokeby, encore tout couverts des cicatrices des guerres de l’Écosse et de l’Irlande, étaient revenus de leur première terreur, causée par la surprise, et avaient fait un noble usage des armes dont ils s’étaient pourvus pour accompagner leur maîtresse jusqu’à la forteresse de Barnard. O’Neale à leur tête les encourageait par son intrépidité. Une noire fumée les couvrit d’un nuage sulfureux ; ils fondirent avec désespoir sur les bandits, qui, deux fois repoussés, revinrent deux fois à la charge avec un cri de fureur.
Wilfrid tombe… Mais Redmond combat à son côté ; Redmond, souillé de sang et de fumée, ne cesse de ranimer la valeur de ses compagnons, en les exhortant à une généreuse résistance. — Courage ! mes amis, leur crie--