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148 ROKEBY.

de la lune, la douce impression de la brise, rappellent les sens troublés de Matilde : — Où est Redmond ? demanda-t-elle vivement… Tu ne me réponds point… : il meurt ! il meurt !… et tu as pu le laisser privé de tout secours ! tu as pu le laisser au milieu des meurtriers. ! Ah ! je le connais !… il ne rendra jamais son épée à un lâche bandit… ; son arrêt est prononcé !… N’attends pas que je te remercie d’une vie dont je fais peu de cas, d’une vie que tu m’as sauvée au prix de la sienne.

XXX.

Le cœur de Wilfrid ne peut supporter cet injuste reproche et le regard irrité de celle qu’il aime : — Matilde, lui dit-il, mes soldats doivent être si près d’ici, que vous pourrez demeurer en sûreté sous cet arbre… Quant à Redmond, — vous n’aurez point à pleurer sa mort, si la mienne peut le sauver.

Il s’éloigne à ces mots : son cœur battait avec violence, une larme brillait dans ses yeux… Le sentiment de son injustice accabla le cœur désolé de Matilde. — Demeure, Wilfrid ! s’écria-t-elle ; tout secours est inutile !

Wilfrid l’entend ; mais il ne détourne pas la tête. Il parvient au porche du château ; il entre, et disparaît aux yeux de Matilde.

XVXI.

Agitée par toutes les transes qui naissent d’une crainte mêlée d’espoir, elle ne peut détourner les yeux des vitraux gothiques qui servent à donner un passage aux rayons du jour, et qui, à cette heure funeste, brillent de la lueur azurée des lampes, tandis que tout le reste du château offre la trace argentée de la pâle lumière de la lune. Rien encore n’annonce le combat ; le silence n’est interrompu par aucun son d’alarme : on aurait pu croire que le sommeil régnait dans la demeure antique des Rokeby, lorsque soudain Matilde voit luire un éclair rapide, et entend presque en même temps l’explosion d’une arme à feu, un second éclair éclate, et précède u