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l’heure du crime. Je vais encore retenir ici ceux qui m’écoutent, en continuant de chanter sur ma harpe.

Il choisit une complainte mélancolique, et son accent annonça le trouble de son âme.

XXVII.

BALLADE.

— Où me conduisez-vous dit le moine tremblant.

Un des brigands répond ; — A son heure dernière,

Cette femme avec toi veut dire une prière :

Qu’on se dépêche ; allons, vous n’avez qu’un moment.


— J’aperçois, dit le moine, une dame éplorée ;

Mais je ne saurais croire à sa prochaine mort :

Elle a l’éclat du lis que baigne la rosée,

Et serre sur son cœur un jeune enfant qui dort.


Moine de Saint-Benoît, remplis ton ministère,

Absous tous les péchés qu’elle confessera ;

Ou, quand le fils de Dieu viendra juger la terre,

De ses fautes sur toi le fardeau pèsera.


De retour au couvent, tu diras une messe

Pour l’âme qui prendra cette nuit son essor ;

Et que la cloche, au loin, par des sons de tristesse,

Invite les chrétiens à prier pour un mort.


Le bon moine obéit. — Un brigand le ramène !

Mais d’abord sur ses yeux on remit le bandeau.

Le lendemain le deuil régna dans le château,

Tous les vassaux pleuraient la jeune châtelaine.


Dans le petit village on répète souvent

Que Darrel est bizarre et d’une humeur austère ;

S’il entend retentir la cloche du couvent ;

Pâle comme un linceul, il dit une prière.


Que si Darrel rencontre un baron orgueilleux,

Son mépris menaçant se peint sur son visage ;

Mais un moine vient-il s’offrir à son passage,

Darrel baisse la tête ou détourne les yeux.

XXVIII.

— Ménestrel, dit Matilde tes ballades magiques auraient-elles le pouvoir d’évoquer les esprits ? C’est sans doute une erreur de mon imagination : mais tout à l’heure

CHANT CINQUI