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144 ROKEBY.

Hélas ! la voix de ses ondes plaintives

S’unit au chant de mes adieux !

Je vais quitter le château de mon père ;

Adieu donc, aimable séjour :

Comme un esprit que fait fuir la lumière,

Je dois partir avant le jour.


On brisera dans mon château gothique

Les écussons de mes aïeux ;

Tu vas ramper, lierre mélancolique.

Sur ces décombres glorieux.

Écho, réponds aux accords de ma lyre ;

Hélas ! pour la dernière fois,

Avec Matilde ose encore redire

Les noms illustres de nos rois.

XXIV.

La jeune châtelaine s’arrêta un moment, et continua sa romance sur un ton plus élevé.

Mais terminons une plainte importune !…

Que ces remparts soient démolis !

Avec orgueil partageons l’infortune

De nos rois par le sort trahis !

S’ils sont venus les jours de nos disgrâces,

Conservons notre loyauté.

De nos aïeux suivons les nobles traces ;

Mourons pour la fidélité.


De ces héros la fidèle vaillance

Fut jadis l’appui de nos rois ;

Ils ont reçu de la reconnaissance

Ce château, ces tours et cesbois.

Châteaux, forêts, dons d’une main mortelle,

Qu’êtes-vous pour les fils des preux ?

Bravoure, honneur et constance éternelle,

Voilà les trésors dignes d’eux.

XXV.

Tandis que Matilde chantait sa romance mélancolique, mille pensées opposées se combattaient dans l’âme d’Edmond : il avait peut-être rencontré parmi les naïves bergères de son village des traits aussi beaux et un accent de voix aussi doux, mais jamais les chants villageois ne peuvent se comparer à la mélodie riche et variée que font

CHANT CINQUIÈME