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Séduit par un orgueil funeste,

Je voulus quitter le hameau.

Ah : qui me fit dédaigner ma chaumière ?

Ce fut la harpe du trouvère.


L’amour vint égarer mon cœur

J’osai tenter, dans mon délire,

D’attendrir au son de ma lyre

La fille d’un noble seigneur :

Qui m’inspira cet espoir téméraire ?

La harpe du pauvre trouvère.


Mon hommage fut méprisé ;

Et, reconnaissant ma folie,

J’en accusai ma rêverie,

L’Amour, et mon cœur abusé…

Mais j’épargnai, dans ma douleur amère,

La harpe du pauvre trouvère.


La guerre avec tous ses fléaux,

Ainsi qu’un torrent des montagnes,

Fondit soudain dans nos campagnes

Et vint dévaster nos hameaux…

Qui me rendra ma paisible chaumière ?

La harpe du pauvre trouvère.


L’ambition trompa mon cœur ;

L’amour flétrit ce cœur fidèle ;

Sur moi je sens la main cruelle

De l’indigence et du malheur….

Mais j’ai du moins, pour charmer ma misère,

La harpe du pauvre trouvère.


Dans le vallon, sur le coteau,

Tu me suivras, harpe chérie ;

Seule tu consoleras ma vie,

Tu viendras orner mon tombeau.

Là, répondant au vent de la bruyère,

Tu plaindras le pauvre trouvère.


XIX.

Matilde témoigna par un sourire le plaisir que lui avait causé la romance du trouvère mais le vieux Harpool, toujours prévenu, fit un geste de mécontentement, et prit son flambeau pour retourner à son poste. Edmond l’observa,… et, changeant soudain de mesure, sa main erra sur les

CHANT CINQUIÈME