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TABLE.

son projet, lui montre le palefroi, et lui offre la bourse du prieur. — Retourne au château, retourne, téméraire ? lui répond Harold. Tu ne peux partager ni mes plaisirs ni mes chagrins. Ne t’ai-je pas vu pleurer la mort d’un oiseau ? Pourrais-tu fixer ton pied sur la tête d’un ennemi expirant, affronter les dieux, les démons, et les mortels plus abhorrés encore ? Risquer à chaque instant sa vie, aimer le sang et le carnage, voilà les qualités que j’exige de mon écuyer….. Tu vois bien que tu ne pourrais jamais l’être. Adieu donc.

XVIII.

Le jeune Gunnar frémit comme le feuillage du tremble, en entendant cette voix farouche, et en voyant ce sombre regard ; il fut sur le point de se repentir de son serment. Mais il était trop tard pour revenir sur ses pas ; il craignait la honte, et il aimait son maître. Il le supplia de se laisser fléchir. — Hélas ! dit-il, si mon bras est trop faible, si tu te défies de mon courage, permets-moi de te suivre pour l’amour d’Ermengarde. Peux-tu croire que Gunnar te trahisse jamais par la crainte du trépas ? N’ai-je pas risqué ma vie pour t’apporter cet or et ce manteau ? Et d’ailleurs, quel sort m’attend auprès de Witikind ? M’exposeras-tu à la vengeance des prêtres et à la colère de ton père ? Irai-je finir honteusement mes jours dans un cachot ?

XIX.

Le regard d’Harold s’adoucit, et il détourna la tête en essuyant ses yeux, soit qu’une larme eût mouillé sa paupière, soit que ce fût une goutte de pluie. — Tu es donc proscrit ? dit-il à Gunnar. A ce titre tu peux être mon page !

Dirai-je tous les climats qu’ils parcoururent ensemble, toutes les aventures qu’ils rencontrèrent, et leurs nombreux combats. Quelquefois seul, quelquefois à la tête de quelques braves, Harold était toujours vainqueur. On disait que son regard brillait d’une lumière surnaturelle.

CHANT PREMIE