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CHANT CINQUIÈME. 133

— Hélas ! reprit Matilde, n’accusez pas ce pauvre Harpool de ce qui est la faute de ces temps d’orage. Il croit que de ses soins scrupuleux dépend la sécurité de la fille de son maître. Il ne pense pas qu’il soit prudent d’admettre des inconnus dans le château dès que l’heure de la nuit est venue : par un excès de précaution, son zèle ressemble à la rudesse. Je désire de tout mon cœur qu’il soit moins rigoureux envers ce pauvre ménestrel… Écoutons ; il continue sa ballade.

IX.

Pour prix de l’hospitalité

Je parle guerre à la vaillance,

Je parle amour à la beauté,

Et j’ai des contes pour l’enfance.

La nuit est sombre : jusqu’au jour

Accueillez donc le troubadour.


Toujours chers au dieu de la gloire,

De Rokeby les fiers barons

Vivront à jamais dans l’histoire,

Je puis vous dire tous leurs noms :

Si leur mémoire vous est chère,

Accueillez un pauvre trouvère.


Le ménestrel reçut toujours

Des Rokeby noble assistance.

Malheur au fils de la vaillance

S’il est maudit des troubadours.

Ah ! si la gloire vous est chère,

Accueillez un pauvre trouvère.


— Écoutons, s’écria Redmond ; voilà Harpool qui entre en pourparler. Il faut espérer que la porte va s’ouvrir. — Malgré toute la science dont tu te vantes, disait Harpool, je parie que tu ne sais point l’histoire de la laie félone, ni comment elle épouvantait de ses cris sauvages les échos de la Greta et la forêt de Rokeby. Saurais-tu nous raconter pourquoi le chevalier Ralph fit don de cette laie terrible aux moines de l’abbaye de Richemont, pour qu’ils en fissent un grand festin ? Nous dirais-tu l’aventure de Gilbert Griffinson, et celle de Peterdale, ha-

134 ROKEBY.