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à parcourir tous les taillis voisins, comme un limier ardent à la chasse, et il trouva la Carabine de Denzil, indice certain que la vérité avait dicté l’avis auquel Matilde, Wilfrid et lui devaient leur salut. Il leur parut prudent de quitter le vallon. Il fut convenu que Matilde rentrerait au château, accompagnée de Redmond et d’une escorte. Wilfrid s’éloigna, promettant de revenir, à l’entrée de la nuit, avec une troupe fidèle, pour la conduire aux tours superbes du château de Barnard, et y transporter sans danger les trésors de Mortham. Apres avoir arrêté ce projet, Wilfrid se retira, l’âme remplie de tristesse et d’inquiétude.

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9) CHANT CINQUIÈME. 10) I.

Les ombres étendent sur la terre le voile de la nuit ; le soleil se cache derrière les collines de l’occident ; mais la cime bleuâtre des monts et la flèche du clocher rustique réfléchissent encore sa lumière ; les créneaux du fort de Barnard paraissent couronnés de pourpre du côté de Toller-Hill la tour élevée de Bowes brille dans le lointain comme le fer rougi par le feu, et les coteaux sinueux de Stanmore sont dorés par les derniers rayons du jour : ils nuancent encore pendant quelques momens le feuillage des bois, et s’éteignent peu à peu dans l’horizon obscurci. C’est ainsi que les vieillards renoncent à regret aux vanités de la jeunesse, et charment le soir de la vie par le souvenir de leurs premières erreurs, jusqu’à ce que la mémoire se refuse à leur retracer ce rêve du passé.

II.

Le jour, qui semble abandonner à regret les hauteurs, a déjà quitté la vallée ombragée de Rokeby, où les d’eux rivières qui la protègent réunissent leurs ondes dans un lit plus profond. Les chênes majestueux dont les sombres rameaux convertissent la clarté du soleil en crépuscule,

CHANT CINQUIÈME.