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CHANT QUATRIÈME. 127

pénible pour son âme, plus Rokeby aura besoin de la tendresse de sa fille.

XXX.

Wilfrid sentit le doux reproche de Matilde, et resta un moment abattu… Il répondit enfin tristement : — Noble Matilde, si je vous questionnais sur vos projets, ce n’était que pour éclaircir vos doutes, et vous offrir les secours de l’amitié. J’ai sous mes ordres, ainsi l’a voulu mon père, une troupe de braves soldats, et je pourrais vous envoyer quelques cavaliers pour transporter les trésors de Mortham, à la faveur de la nuit. Cette escorte me semble nécessaire dans ces temps de trouble et de désordre. — Je vous remercie avec reconnaissance, généreux Wilfrid, répondit-elle ; je ne veux pas retarder un jour de plus d’accepter vos offres. Si vous daignez garder vous-même le dépôt qui me fut confié, il ne peut qu’être à l’abri de toute atteinte.

Elle finissait à peine ces mots, qu’il survint une troupe de guerriers, les mêmes dont l’approche avait fait fuir les bandits de leur embuscade. Le capitaine salua Wilfrid avec respect, et tourna ses regards de tous cotés, comme pour chercher un ennemi. — Albert, dit le fils d’Oswald, que veut dire ce que je vois ? Pourquoi descendre ainsi en armes dans le vallon ? — J’allais moi-même vous demander ce dont il s’agissait, répondit l’officier ; je conduisais mon escadron pour l’exercer aux manœuvres militaires dans la plaine de Barningham, lorsqu’un étranger est venu nous dire que vous étiez égaré, cerné, et près de périr. Il parlait avec le ton du commandement ; il avait un regard d’aigle et l’aspect d’un guerrier. Il m’a ordonné d’accourir à votre secours ; je n’ai pas hésité d’obéir.

XXXI.

Wilfrid changea de couleur, et se détourna pour dissimuler sa surprise, après avoir fixé un moment l’officier qui lui adressait la parole. Redmond cependant se mit

128 ROKEBY.