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ayant

CHANT PREMIER. 9

de rendre le dernier soupir, ma mère m’ordonna de ne jamais abandonner son nourrisson.

XV.

— Il pleut, l’éclair luit, la foudre éclate, comme si Lok, le dieu du mal, avait brisé sa chaîne. Maudit par l’Eglise et chassé par son père, Harold ne doit pas espérer que ni chrétien ni païen lui donne un refuge : Quel mortel peut affronter une si terrible tempête ? Sans guide, sans manteau, Harold va périr dans quelque marécage !... Quelque chose qui puisse arriver à Gunnar, il ne restera point ici. Il s’arrache de sa couche, et saisissant sa lance, il descend dans la salle du festin. Le bruit de ses pas ne réveille aucun des convives, qui semblent tous dormir du sommeil profond de la mort. — Ingrats et lâches, dit le page indigné, vous oubliez le héros du Danemarck. Pour vous, moines indolens qui vivez dans l’abondance, vous allez céder à Gunnar de l’or et un cheval.

XVI.

Se souciant fort peu des malédictions de l’Église, Gunnar s’empare de la bourse du prieur de Jorval. Le lendemain matin, l’abbé de Saint-Ménehat cherchera vainement son manteau enrichi de fourrures, et le vieux sénéchal sera surpris de ne plus trouver ses clefs.

Le page s’est rendu à l’écurie, et, sautant sur le palefroi de l’évèque, il laisse derrière lui le château et le village, pour joindre le fils de Witikind. Le coursier ne galope qu’à regret par un tel orage, lui qui n’était pas accoutumé à braver la rigueur du temps. Ses hennissemens parviennent aux oreilles d’un autre coursier qui était attaché à un arbre. Celui-ci hennit aussi pour lui répondre, et la flamme d’un éclair montre à Gunnar Harold étendu sur le gazon.

XVII.

Il se relève soudain, et s’écrie d’une voix tonnante : — Arrète ! En même temps sa terrible main s’est armée de sa massue. Le fils d’Ermengarde se nomme, lui déclare

10 HAROLD L’INDOMP