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CHANT QUATRIÈME. 123

dain entendre à mon oreille, son accent était doux comme le tien, ô Matilde ! — Malheureux ! me dit-elle, que fais-tu. dans ces lieux pendant que mon cercueil sanglant reste sans vengeance, et que mon fils vit abandonné sans connaître le nom de son père et privé de ses tendres soins !

XXIV.

— Je ne fus pas sourd à cette voix… J’obéis et revins dans ma patrie : j’emmenai avec moi les plus braves de notre troupe, dont je prétendais me servir pour satisfaire au besoin ma vengeance trop long-temps différée. Mais que le ciel accepte mes humbles actions de grâce pour m’avoir inspiré des pensées et des espérances plus douces ! béni soit celui qui nous apprit par une prière divine que le pardon est le prix du pardon !… Je me réjouis, dans ma misère, d’avoir écouté les conseils d’une foi consolatrice !… J’ai revu les traits du perfide !… j’ai entendu sa voix !… je lui ai redemandé mon fils ! Il a désavoué son larcin avec un sourire, avec ce sourire infernal et cette froide assurance qui jadis égara ma raison lorsqu’il me dit : — Un amant l’attend dans le bois !… — Je retins mon bras prêt à le frapper… Que le Créateur du monde en soit loué ! la souffrance est un sentier qui mène au ciel.

XXV.

Matilde en était là de l’histoire du malheureux Mortham, lorsqu’un léger bruit se fit entendre dans le feuillage. Redmond se relève et regarde ; le lâche Guy Denzil se retire (car c’était lui qui était caché à quelques pas de distance ; il n’oserait pas croiser le fer avec le brave O’Neale pour tous les trésors renfermés dans les coffres de fer de Mortham. Redmond reprend sa place : — C’est quelque chevreuil, dit-il, qui aura traversé le taillis. — Bertram sourit avec un air féroce en voyant reculer son timide compagnon : — Tu as vraiment un courage à l’épreuve ! lui dit-il ; c’est un seul ennemi qui te fait peur.., et je suis là !… Je connais ton adresse pour atteindre un

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