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120. ROKEBY.

puissent reporter avec plaisir leurs regards sur le passé… : Mais moi… mon début dans la vie ne fut qu’orgueil et vanité ; le crime et le sang ont souillé mon âge mur… Enfin, vieillard en cheveux blancs, je vais descendre dans la tombe sans’avoir un ami pour nie fermer les yeux ! Toi-même, Matilde, tu désavoueras un Indigne parent quand son forfait te sera connu.

— Faut-il donc que je soulève le voile sanglant qui cache ma sombre et fatale histoire ? Il le faut… j’obéirai !… Cesse de m’apparaître, pâle fantôme !… accorde-moi une heure de repos ! Quand je vois ton geste menaçant, penses tu que je puisse avoir la force d’exécuter tes ordres ? Ah ! quand tu me montres du doigt ton visage flétri et ton char funèbre, comment puis-je te peindre telle que tu étais, ô toi qui fus si belle et si aimante ?

Oui ! elle était belle ! une tendre mélancolie, ô Matilde, est empreinte sur tes traits, mais les siens avaient cet éclat d’un beau jour qui sourit à toute la nature. Un hymen secret nous unit… Nous y fûmes forcés par la différence de nos religions et l’inimitié qui divisait nos deux pays. Arrivés au château de Mortham, nous fîmes un mystère du nom et de la famille d’Edith, en attendant que le chevalier de Rokeby fût de retour des contrées lointaines où il était allé faire la guerre. Nous comptions sur son influence auprès d’un père pour adoucir sa fierté offensée. Nous vécûmes quelques mois inconnus à tous, excepté à un seul ami, à un ami trop cher… Je veux lui épargner encore la honte de faire connaître son nom. Je ne dois pas oublier mes erreurs pour chercher à me venger de la trahison d’un ami… Je ne dois pas me montrer ingrat envers ce Dieu dont la clémence a daigné m’accorder des années de repentir quand il pouvait terminer ma misérable vie le jour de mon crime.

XXI.

Mon Edith charmait par son bienveillant sourire tous

CHANT QUATRIÈME